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les News d'Afrique et du Monde

La misère au camp Tshatshi où les militaires sont mécontents de leur vécu

1 Novembre 2014 , Rédigé par digimobile Publié dans #sécurité

La misère au camp Tshatshi où les militaires sont mécontents de leur vécu

DESC a recueilli les témoignages pathétiques de quelques personnes résidant fréquentant le camp Tshatshi où sont casernés les soldats de la Garde républicaine (GR) chargés de la protection présidentielle.

« Les katangais du camp Tshatshi sont fachés. Il y a quelques années ils applaudissaient le président mais ils commencent progressivement à se rendre compte de la réalité et sont maintenant contre Kabila en disant qu’il est rwandais. Les épouses des militaires de camp Tshatshi se prostituent pour nourrir leurs enfants. D’ailleurs, un militaire a tué sa femme lorsqu’il a appris qu’elle s’adonnait à ce genre d’activités à Binza pompage, dans la commune de Ngaliema à Kinshasa. Ces femmes des militaires se prostituent, généralement derrière l’ITC (institut Technique Commercial) Ngaliema à partir de 18h00. La misère pousse ces familles des militaires à se nourrir des os de poulet. Mal payés, ces militaires n’ont pas le moyen d’acheter un poulet et elles se contentent de cela. Ces carcasses proviennent des usines de l’entreprise Congo Tuture (NDLR : qui appartiendrait Jaynet Kabila), car elle utilise la chair de poule pour fabriquer des saucisses que les kinois appellent ‘kanga journée’. Ces os de poulets , mélangés à la sauce des légumes appelés « Matembele » donnent le goût des poulets. Cela leur permet d’avoir l’impression de manger du poulet. »

Pendant que les troupes d’élite de la GR et le reste de l’armée broient du noir, certaines sources nous avaient appris récemment que quelques généraux nommés en septembre dernier aux postes de commandement ont commandé de la Belgique et par avion des dizaines de caisses de champagnes et liqueurs pour fêter leur promotion. Voilà l’état d’une armée à deux vitesses, qui délaisse ses troupes dans la rue, dont on vante la montée en puissance.

Même si DESC ne se fait nullement aucune illusion sur la suite qu’ils vont réserver à ces révélations face à cette situation de clochardisation des militaires, DESC tient tout de même à rappeler à les représentants de la Nation au parlement leurs prérogatives parlementaires. Pendant qu’ils touchent des émoluments de 9.000 $ US mensuels, ils oublient que ceux qui sont censés défendre la souveraineté de la nation et l’intégrité territoriale croulent dans une misère abjecte. Les commissions de la défense et sécurité de deux chambres du parlement ont à leur disposition des éléments pouvant leur permettre de s’informer ce qui se passe réellement au sein de l’armée. Cela relève de la fonction de contrôle dévolu aux députés et aux sénateurs.

Il y a pratiquement deux ans, le 15 décembre 2012, dans son traditionnel discours annuel sur l’état de la Nation devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès , le président Kabila vous a promis de faire de la défense nationale la priorité des priorités : « Désormais, au-delà de toutes nos actions pour le développement, notre priorité sera la défense de la patrie avec une armée dissuasive, apolitique et professionnelle qui rassure notre peuple ». Dans ses vœux de Nouvel An 2013 adressés à la Nation le 31 décembre 2012, le chef de l’Etat congolais a réitéré le même vœu : « la réforme de l’armée est une des priorités du Gouvernement ».

Cependant, une armée ne peut se dire professionnelle lorsqu’elle n’est pas motivée ni prise en charge. Cette prise en charge relève de la responsabilité de l’ensemble de la nation congolaise dans le cadre d’un pacte moral. La profession des armes implique en effet l’existence d’un contrat moral entre le soldat et la société qu’il sert et dont il fait partie. Ce pacte doit être un gage de confiance mutuelle, d’assurance, de soutien et de réciprocité. Cela doit exiger que les membres des Forces Armées Congolaises se voient fournir les outils et les ressources nécessaires pour accomplir le travail qu’on attend d’eux. (…) En récompense de loyaux services qu’ils accomplissent en faveur de la nation, ils doivent s’attendre à recevoir de l’approbation et de la reconnaissance positive de leurs concitoyens, en commençant d’abord par leurs autorités militaires et surtout politiques. Ce professionnalisme qu’on attend d’eux exige d’abord que les militaires congolais aient impérativement droit à une solde militaire et à une pension dignes et commensurables à leurs valeurs, services et risques professionnels, à un logement décent, à un bon régime de soins de santé, à des possibilités d’apprentissage et de perfectionnement professionnels (In Les Armées au Congo-Kinshasa).

La montée en puissance et le professionnalisme de l’armée ne se limitent pas par l’achat de quelques ferrailles en Russie ou en Ukraine. Le professionnalisme de l’armée passe surtout dans la promulgation de la loi de programmation militaire attendue depuis deux ans. Cette loi budgétaire pluriannuelle est essentielle à la réforme des FARDC dans la mesure où elle va déterminer les ressources budgétaires et encadrer la gestion du personnel et du matériel de l’armée (salaires, dépenses d’équipement, de formation, etc.) dans le but d’atteindre les objectifs réels précis de développement, de modernisation et de montée en puissance des FARDC.

Comme nous ne le cessons de le rappeler, la loi de programmation militaire permettra de déterminer le budget de l’armée sur une période déterminée. Or un budget a une portée politique particulière dans ce sens qu’ au-delà d’une simple estimation (prévision), en tant qu’élément du programme d’action du Gouvernement, la loi de programmation militaire constituera le reflet chiffré de la politique que le gouvernement congolais entend mener dans le domaine militaire et permet de mesurer l’importance que le Gouvernement accorde au secteur de la Défense nationale en l’occurrence. Un secteur décrété priorité des priorités depuis 2006 en RDC et rappelé à plusieurs fois par Kabila mais qui reste encore à la traine, comme en témoignent les faits ci-dessous.

Messieurs les sénateurs et les députés, vous serez individuellement comptables et redevables (le terme « accountability » en anglais convient mieux que responsability) devant la Nation congolaise de l’exercice de votre mandat. L‘article 101 de la Constitution précise que « (…) Le député national représente la nation. Tout mandat impératif est nul. » L’article 104 de la Constitution dit aussi que « (…) Le sénateur représente sa province, mais son mandat est national. Tout mandat impératif est nul. » En effet, la Constitution congolaise a opté pour le principe républicain de souveraineté nationale dans l’exercice de vos mandats qu’elle reconnait non impératifs. Cela veut dire que les députés ou les sénateurs élus sur un mandat non-impératif ne représentent plus leurs électeurs locaux, ni leurs camps politiques respectifs mais bien l’ensemble de la nation.

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