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les News d'Afrique et du Monde

Kabila et les crocs en jambe avant les elections au Congo face aux autres qu'il pense lui porter ombrage (Colette Braeckman.)

13 Février 2011 , Rédigé par digimobile Publié dans #news


Sans aucun doute, la campagne électorale a bien commencé en RDC. Pour cette course de fond, on voudrait souhaiter à tous les candidats bonne chance, bonne endurance et que le meilleur l’emporte. Malheureusement, bien avant le « go » du départ, on constate que les crocs en jambes ont commencé !


Qu’on en juge. On a certes beaucoup glosé sur le changement « à la hussarde » de la Constitution, qui ne prévoit plus qu’un vote majoritaire à un tour. Les raisons d’économie officiellement évoquées n’ont convaincu personne et tous les observateurs ont décelé, dans les rangs de la majorité, une volonté d’empêcher l’opposition de se rassembler derrière un candidat unique  pour le deuxième tour. Cette modification des règles du jeu, à la veille du départ de la course, a été interprétée comme une manœuvre légale certes, mais peu fair play et les mises en garde se sont multipliées.

Cependant, cette manœuvre pourrait aussi se transformer en boomerang : certes, à première vue, Joseph Kabila a toutes les chances de l’emporter face à une opposition qui se présenterait en ordre dispersé, l’éparpillement des voix ne pouvant que lui être profitable. Cependant, des surprises pourraient survenir, si l’opposition réussissait à proposer un « ticket » avec tel comme Président, tel comme Premier Ministre, tel autre comme président du Sénat ou de la Chambre.  Après tout, pourquoi le partage du gâteau ne pourrait-il pas se faire avant le vote, plutôt qu’après ? Et si l’opposition réussissait à vaincre ses divisions, à se mettre d’accord non seulement sur un homme, mais surtout sur un programme commun, le Congo aurait, grâce à cette modification inattendue  de la Constitution, réalisé  une réelle avancée sur la voie démocratique…
Force est de constater qu’on en est loin et qu’à l’heure actuelle, il y a plus de coups bas que de manœuvres constructives. Voyez Vital Kamerhe : prudent, il ne dévoile pas ses cartes, mais son ambition est évidente. Présentant son parti à Bruxelles, il s’est abstenu de toute attaque personnelle et publique contre le président Kabila, mais, reprenant sans doute des informations de presse, il a accusé l’entourage du président de vouloir fixer une  limite d’âge afin d’éliminer Tshisekedi ! Une intention que le pouvoir dément absolument, non sans logique : si une limite d’âge avait été introduite en 2006, et même aujourd’hui, jamais Joseph Kabila, le plus jeune président d’Afrique en 2001, n’aurait eu la moindre chance !

Par ailleurs, malgré le beau buffet proposé dans un hôtel de luxe de Bruxelles (du saumon en milieu d’après midi…) Kamerhe a essuyé bien des questions critiques et dubitatives. Nul ne lui a reproché sa comparaison avec le Brésil et le parallèle implicite avec Lula (qu’a—t- il en commun avec l’ancien syndicaliste ?), mais par contre de véritables serpents de mer ont resurgi : les doutes sur sa nationalité (décidément cela devient un TOC (trouble obsessionnel compulsif)  le fait qu’il ait pratiquement porté Kabila et son système sur les fonts baptismaux, le soupçon de le voir regagner le camp présidentiel en échange d’un poste de premier ministre. Bref, au lieu d’unir l’opposition, le possible candidat a plutôt du faire face à une pluie de flèches…

Tshisekedi, rentré à Kinshasa, n’est pas mieux loti : alors qu’il peine à réaliser autour de lui l’unité de ses partisans, des esprits mal intentionnés font tinter d’autres casseroles, son rôle dans l’assassinat de Lumumba alors qu’il faisait partie du groupe de Binza…Mais nul ne rappelle ni l’espoir qu’il incarnait dans son combat contre Mobutu, ni son incapacité à faire aboutir le formidable  mouvement populaire qui avait abouti aux journées Ville Morte et autres manifestations de masse…

Quant au pouvoir, il se montre à son tour d’une susceptibilité excessive. Certes, le dossier de Jeune Afrique, qualifiant Kabila de Mobutu Light est sévère, et il tranche avec d’autres numéros spéciaux où les mêmes auteurs fustigeaient le  « Congo bashing »,  le dénigrement systématique du Congo.  Face à ce revirement, il aurait suffi que Kinshasa révèle les véritables raisons de ce désamour soudain (une interview refusée, un contrat publicitaire qui n’aurait pas abouti ?) et laisse l’affaire en l’état. Au lieu de cela, le porte parole du gouvernement, devenu aussi porte parole du président,  semble avoir récupéré la verve de l’ancienne agence Azap pour démentir point par point, et non sans brio d’ailleurs, les attaques personnelles contre « le chef »…Shakespeare aurait dit « beaucoup de bruit pour rien…

En réalité, il est moins important de spéculer sur les auteurs des « fuites », qui ont balancé à JA des faits que nul n’ignore, que de s’interroger, avec sérieux et lucidité, sur les failles du pouvoir et les risques qu’elles impliquent, qu’il s’agisse des élections, des relations avec les voisins, avec la communauté internationale…

La campagne électorale, sous la houlette d’une CENI qui n’est pas encore sortie de la zone des tempêtes, ne s’annonce pas comme une partie de plaisir et le « quitte ou double » d’un tour qui sera le premier et le dernier fait froid dans le dos…
 
Colette Braeckman.election
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