Après Kagamé, Kagamé for ever au Rwanda !
Paul Kagame, président du Rwanda.
Les élections au Rwanda, une formalité pour celui qui dirige de fait le pays des mille collines depuis 1994, même si l’intéressé veut entretenir un faux suspense. D’ailleurs, le voudrait-il, qu’il ne le pourrait pas, ses adversaires en face, trois au total, n’étant que des accompagnateurs-suivistes.
En effet, ni Jean-Damascène Ndawukuriyayo, vice-président de l’Assemblée nationale et ex-ministre de la Santé, ni Prosper Higiro, vice-président du Senat et ex-ministre du Commerce ni Alvera Mukabaremba, ne peut véritablement secouer le tout-puissant patron du Front patriotique rwandais (FPR) à ce second scrutin, depuis celui de 2003.
Au delà de l'allégeance des autorités congolaises à son pouvoir autocratique, sa soldatesque qui entre au Congo comme elle veut: tuant, pillant, violant les paisibles citoyens Congolais, Paul Kagamé a réussi à faire croire à l'opinion internationale que tous les Hutus, tribu majoritaire de son pays sont des génocidaires, les Twa (pygmées) qui ne représentent qu'1% sont éliminés d'office.
Au Rwanda de Kagamé, les vrais adversaires ont été soit contraints de jeter l’éponge à l’image de Victoire Ingabiré des Forces démocratiques unifiées (FDU), ou l’ont fait de leur propre chef comme Bernard Ntaganda. C’est qu’au Rwanda, tout mène et part de Paul Kagamé, c’est lui le Capitole et la roche tarpézienne.
Les 3 semaines de la chasse aux voix, qui a débuté le 20 juillet 2010, s’apparentent à une promenade de santé pour celui dont le modèle est l’artisan du décollage économique de Singapour, Lee Kuan Yew. D’ailleurs, il arrive souvent que Paul Kagamé martèle qu’il œuvrera à ce que le Rwanda se passe de l’aide étrangère en 2015 ! Comment ? En continuant sans doute à piller les richesses de la République Démocratique du Congo, comme il le fait actuellement sans qu'aucune voix-au niveau international-ne s'élève pour le contrer.
Si donc l’incontournable patron du FPR va se succéder à lui-même, cette victoire annoncée est à mettre à l’actif de son bilan : la gouvernance au Rwanda n’est pas une vue de l’esprit, les 10 millions d’âmes vivent selon des normes strictes, le port du casque et de la ceinture de sécurité est obligatoire ; les ministres se contentent d’un minimum à l’opposé du faste outrecuidant de leurs homologues d’autres pays ; la guerre contre la corruption, gangrène du développement, est une réalité.
Sans libertés, les Rwandais travaillent tout de même et c’est logique que le pays enregistre ces dernières années un taux de croissance économique à 2 chiffres. Au Rwanda, témoignent ceux qui y ont foulés les pieds, la croissance est comestible ! C’est dire donc que le président sortant a impulsé à ses compatriotes qui ont toujours le génocide ce traumatisme collectif dans l’esprit, le goût de la discipline et du travail bien fait.
Mais, l’envers du décor est justement l’imposition de cet ordre quasi militaire. Le Rwanda de Kagamé ne flirte pas trop souvent avec les droits de l’homme. Loin s’en faut. Et ces derniers temps, et en dépit des dénégations de celui qu’on nomme le “Bismark des Grands Lacs”, on a comme une impression du craquèlement de la Maison Kagamé.
Arrestations et emprisonnement de hauts gradés militaires, tentative d’assassinat en Afrique du Sud de l’ex-chef d’état-major du Rwanda, mort mystérieuse de journaliste et d’un opposant, attentat à la grenade... cela fait trop pour ce petit pays aux matins et aux soirées calmes. A l’évidence, il y a un problème entre Kagamé et certains de ses proches.
Mais attention, le maître du Rwanda, c’est toujours lui, et il le prouve chaque jour. Les Rwandais n’auront donc pas d’autre choix que de remettre entre ses mains leur destin pour les 7 ans à venir. Après Kagamé, Kagamé for ever ! Seule inconnue : le score, taux stalinien ou pas ?