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les News d'Afrique et du Monde

Enseignements à tirer des événements de Lybie. On ne se moque pas de son ambassade

11 Mars 2011 , Rédigé par digimobile Publié dans #news

En plusieurs rotations effectuées par la société aérienne Hewa Bora entre Kinshasa et Tripoli, des Congolais bloqués en Libye  sont ramenés dans leur pays. L’ordre d’évacuation est venu du Président Joseph Kabila ; de même que l’ordre de leur prise en charge pour une durée d’une semaine sur le compte du Trésor public.

Il s’agit d’une obligation constitutionnelle puisque l’article 50 dispose que « L’Etat protège les droits et les intérêts légitimes des Congolais qui se trouvent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ».

Foi de Rfi : la RDC est le premier pays subsahélien à procéder au rapatriement de ses ressortissants, exactement comme l’ont fait et continuent de le faire la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, le Japon, la Chine etc.

Pour les négro-africains, le paradis libyen s’est transformé en enfer dès l’instant où un média international a cru faire un scoop en les présentant en mercenaires recrutés par le pouvoir pour combattre son peuple.

Depuis, ce média s’est tu, mais son scoop - ayant tout d’un appel au meurtre - continue de produire d’effroyables effets. Les images de télévision et de photographie en provenance de la Lybie et des Etats voisins (Tunisie et  Egypte) en témoignent.

Maintenant que le rapatriement des Congolais est bouclé, on peut se permettre de réfléchir à un phénomène propre aux Africains, celui consistant diaboliser les ambassades de leurs pays, souvent pour se faire bien voir du pays d’accueil.

Effectivement, contrairement aux peuples d’autres continents qui signalent leur présence auprès de leurs ambassades lorsqu’ils sont en déplacement à l’étranger, les Africains ont plutôt tendance à se passer de cette obligation.

Dans le cas de la RDC, l’anecdote raconte qu’à l’époque du Zaïre, un diplomate en poste dans un pays de l’Espace Schengen s’était retrouvé avec un formulaire de demande d’asile politique, visiblement rempli de sa main et portant sa signature ! Il en trembla tellement qu’il appela le maréchal. C’est l’examen graphologique qui le sauva. Le lendemain, il reçut un coup de fil pour s’entendre dire qu’il devait s’en tenir à une seule discipline : se considérer comme l’ambassadeur des Zaïrois et non des … Congolais ; ceux-ci étant assimilés aux compatriotes qui avaient gagné l’Europe par leurs propres moyens et qui ne voulaient avoir aucun lien avec le régime mobutien !

Depuis, on est passé de l’anecdote à la réalité étant donné qu’ils sont légion, les compatriotes congolais en séjour prolongé en Occident, coupés de tout contact avec les missions diplomatiques pourtant présentes dans les pays d’accueil. Conséquence : certains tombent malades, d’autres meurent, d’autres encore se retrouvent en tôle sans qu’ils ne soient connus de nos ambassades. Ceci côté cour. Côté jardin, les uns deviennent des sommités scientifiques ou culturelles, les autres font de grandes noces avec des conjoints issus des familles nobles ; à peine cependant acceptent-ils de se faire identifier par leurs ambassades.

Or, l’ambassade est avant tout le prolongement du territoire national dans le pays d’accueil. D’où la notion, sacrée, d’extraterritorialité.

D’aucuns peuvent rétorquer qu’un tsunami genre libyen ne pouvant se produire en Occident, ils n’ont que faire d’une relation formelle avec leurs ambassades. Oui, c’est vrai. Mais peut-on en dire autant d’un tsunami climatique comme celui survenu en Indonésie en 2004 ou tout récemment en Nouvelle-Zélande ?

Et que feraient-ils alors pour se faire évacuer ?

En toute logique, ils doivent s’adresser à leurs ambassades ou aux ambassades « tenant-lieu ».

C’est ce que nous avons observé, ici à Kinshasa, lors des pillages de 1991 et 1993 tout comme lors de l’avènement de l’Afdl en 1997, de la guerre dite du 2 août en 1998, de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila en 2001 et des événements de mars 2008.

Les ambassades ont chaque fois eu à organiser l’évacuation de leurs ressortissants à partir de Brazzaville.

De même, lors de la guerre de Brazzaville en ………, les ambassades occidentales se sont servies de Kinshasa comme base d’évacuation et de rapatriement.

Dans les deux cas, les missions diplomatiques savaient où joindre ou rejoindre leurs ressortissants pour une éventuelle exfiltration.

La morale à tirer est que, quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur le régime en place dans son pays et sur son ambassade lorsqu’on est à l’étranger, il est toujours prudent d’y signaler sa présence. A défaut de le faire physiquement, on peut toujours recourir aux nouvelles technologies de l’information et de la communication comme le téléphone cellulaire, l’Internet etc.

Car, se moquer de son ambassade revient en définitive à se moquer de son pays, donc de se moquer de soi-même !

Les événements de Libye nous en administrent la leçon.

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