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les News d'Afrique et du Monde

Deux juges français enquêtent à kigali sur l'attentat contre Habyarimana

14 Septembre 2010 , Rédigé par digimobile

Deux juges français enquêtent à Kigali sur l’attentat contre Habyarimana

 

Les juges français chargés de l’enquête sur l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994 multiplient depuis dimanche auditions de témoins et visites sur le terrain à Kigali, a-t-on appris lundi auprès d’un avocat de la défense dans ce dossier.

Les deux juges antiterroristes en charge du dossier, Marc Trévidic et Nathalie Poux, accompagnés notamment de cinq experts géomètres, en balistique, explosifs et incendie, tentent de déterminer l’origine des tirs, cruciale dans cette enquête. « On vérifie la crédibilité ou le réalisme de certains témoignages », a expliqué à l’AFP Me Léon-Lef Forster, avocat de trois responsables rwandais visés par l’enquête française et lui-même présent à Kigali.

Une vingtaine de témoins essentiels ont ainsi été retenus et leurs dépositions sont vérifiées sur place par les juges français, qui se sont par exemple rendus à l’aéroport de Kigali pour vérifier la visibilité depuis la tour de contrôle.

Le soir du 6 avril 1994, l’avion transportant notamment le président Habyarimana, un Hutu, et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira avait été abattu en phase d’atterrissage à Kigali par au moins un missile antiaérien. Cet attentat est considéré comme le signal déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi.

Le président rwandais revenait d’un sommet organisé en Tanzanie destiné notamment à relancer les accords d’Arusha de 1993 qui prévoyaient la mise en place d’un gouvernement de transition et l’intégration, sous la surveillance de l’ONU, des militaires de la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR - aujourd’hui au pouvoir) à l’armée rwandaise (FAR).

Ces accords d’Arusha expliquent la présence d’un détachement du FPR au coeur de Kigali alors que dans le reste du pays, le conflit se poursuivait entre les forces du FPR basées en Ouganda et les FAR.

L’origine des tirs est au coeur de l’enquête. A ce stade, la justice française - compétente dans ce dossier en raison de la nationalité française de l’équipage de l’avion - soupçonne le FPR: un commando se serait infiltré à travers le dispositif des Forces armées rwandaises, sur la colline de Massaka, qui surplombe l’aéroport à l’est de la piste, pour tirer deux missiles Sam-16.

Une commission d’enquête rwandaise a, au contraire, imputé la responsabilité de l’attentat aux extrémistes « Hutu Power » des FAR qui auraient voulu se débarrasser du président Habyarimana, jugé trop modéré, pour faciliter un coup d’Etat.

Selon la commission d’enquête rwandaise, les missiles ont été tirés depuis le camp militaire de Kanombe, importante base des FAR, jouxtant l’aéroport et l’ancienne résidence présidentielle au Sud-Est, où il est « impossible d’imaginer » que le FPR ait pu s’infiltrer.

Les enquêteurs français ont eu accès au site de l’ex-résidence présidentielle lundi matin et devaient se rendre sur les lieux du crash dans l’après-midi.

Selon Me Forster, les experts devraient, à la suite de leur séjour à Kigali jusqu’à la fin de la semaine, modéliser par informatique les deux scénarios.

« Je ne sais pas d’avance qu’elles seront les conclusions, mais nous ne pouvons que nous réjouir de cette étape indispensable dans la recherche objective de la vérité et regretter que ce travail n’ait eu lieu avant », a déclaré Me Forster.

De son côté, l’ambassade de France au Rwanda a publié un communiqué précisant que « les conclusions de cette expertise collégiale ne seront connues qu’au terme de plusieurs semaines d’exploitation, en France ».

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