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les News d'Afrique et du Monde

Terreur au Kivu: plus de 200 femmes systématiquement violées

25 Août 2010 , Rédigé par digimobile

Catégorie actualité

Malgré les opérations militaires en cours depuis un an et demi, l’horreur ne faiblit pas dans l’Est du Congo<: plus de 200 femmes et plusieurs jeunes garçons ont été violés au Sud Kivu, dans une région difficile d’accès qui se situe entre la ville minière de Walikale et le territoire de Masisi.
Un travailleur humanitaire, rentrant d’une tournée en brousse, nous détaille par téléphone, avec accablement, la désolation dont il a été témoin j’ai vu plus de 30 villages vidés de leurs habitants, le cholera est revenu à Shabunda et dans les villages de Inyanturi, Kembe, Singe, Rubonga, Kasani et d’autres encore, les femmes sont terrorisées car elles ont été victimes de viols. C’est surtout à Luvungi, un centre agricole de 2200 habitants à 30 km de la ville minière de Walikale que la terreur a été la plus atroce, la plus systématique.
Un habitant de la région, également joint par téléphone, nous assure que ]ces viols avaient presque un caractère sacrificiel, relevant d’une politique de terreur délibérée» C’est le 30 juillet et dans les premiers jours d’août qu’un groupe de plus de 400 combattants, des rebelles hutus rwandais auxquels s’étaient joint des combattants congolais Mai Mai, a attaqué la population civile de Luvungi. De sang froid, femmes ont été violées, sans qu’il y ait eu combats, échanges de coups de feu ou victimes parmi les hommes en armes. Un médecin américain, le DR Cragin, travaillant pour le Corps médical international, ainsi que le médecin congolais chef de district, le Dr. Kacha, ont recueilli des témoignages selon lesquels les assaillants ont procédé systématiquement, s’emparant des femmes à l’issue d’une réunion et se mettant parfois à cinq ou six pour les violer. Beaucoup de victimes ont assuré qu’elles avaient été violées chez elles, sous le regard de leur mari et de leurs enfants, d’autres ont été emmenées dans la forêt. Les humanitaires assurent qu’ils ont déjà examiné 179 femmes mais que les victimes sont beaucoup plus nombreuses car nombreuses sont encore les femmes qui errent dans la forêt ou qui se cachent, nues et blessées.
Une polémique se dessine déjà, car Luvungi se trouve à moins de trente kilomètres d’une base de Casques bleus indiens . Or il a fallu trois semaines pour que ces faits soient rendus publics, non par la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC) mais par des humanitaires et des sources privées. En outre, selon le médecin congolais, alors que les rebelles occupaient la localité de Luvungi et se livraient aux pires exactions, une escorte onusienne a bien été fournie, mais c’était pour protéger un convoi commercial, des camions qui se rendaient de Kebab à Luvungi, traversant une région où se trouvent des mines de cassitérite. Faisant écho à ces accusations, le Ministre belge des Affaires étrangères Vanackere et le ministre de la Coopération Charles Michel, «atterré et scandalisé» ont fait part de leur indignation devant ces viols systématiques et rappelé que la Monusco avait pour mission de protéger les civils. A Kinshasa,un porte parole de l’ONU a promis que les militaires commenteraient les accusations selon lesquelles ils auraient surtout protégé des biens commerciaux.
Cette polémique pourrait nourrir les reproches du gouvernement congolais, qui aurait souhaité le retrait des forces de l’ONU, arguant qu’elles ont échoué dans leur mission de protéger les civils. Voici une semaine cependant, trois Casques bleus indiens ont été massacrés par des Mai Mai dans l’Ituri.
En outre, si échec il y a, il est partagé: voici un an et demi, des opérations militaires de grande ampleur ont été lancées au Nord et au Sud Kivu par l’armée congolaise, afin de déloger les rebelles hutus de leurs bastions et de les inciter à rentrer au Rwanda. Or dans les régions minières, près de Walikale ou de Luvungi, les Rwandais des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Congo), qui totaliseraient encore 4000 combattants, ont maintenu leur emprise, avec quelquefois le soutien de groupes armés congolais tandis que l’armée gouvernementale elle-même est souvent mise en accusation.
La manière dont les viols ont été pratiqués, à Luvungi et ailleurs, est une nouvelle illustration de cette stratégie de la terreur qui permet aux groupes armés de s’assurer le contrôle des zones minières.

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